Anecdote 01

Une première un peu raide

La première fois, c'est toujours la plus impressionante. Et comme il faut toujours une première fois, moi aussi, il a bien fallu que je commence les descentes. Quand je dis "commencer", j'entends par là "commencer une vrai descente" car si on parle de descentes gentillettes comme les trémies, ça faisait belle lurette que je n'avais aucun problème dedans.

J'en avais donc parlé à Jérôme et Pierre-Louis. Etant sur des rollers depuis plus loingtemps que moi, ils connaissaient les bons coins pour s'éclater et débuter. Claude, contacté à ce sujet, manifesta l'envie de venir avec nous sans toutefois vouloir participer à la descente. Il conduirait la voiture en nous suivant dans la descente. Sur les conseils de Pierre-Louis et Jérôme, nous partîmes un soir en direction de Limonest pour le Mont Verdun.

Après coup, en y repensant bien, ce n'était pas la meilleure descente pour commencer. J'aurais dû me méfier, déjà, quand ils m'ont affirmé qu'il fallait y aller la nuit. Ceux qui ont déjà pratiqué le Mont Verdun de nuit savent qu'il n'y a pas d'éclairage public... Le but du jeu est alors d'ouvrir bien grandes ses mirettes et lorgner sur les bandes blanches au bord de la chaussée.

A cela est venu s'ajouter le manque de chance : à peine débutée la descente, la pluie se mettait de la partie. Sur le plat, un sol détrempé ne présente pas les qualités d'adhérence requises pour une pratique sereine et sécurisée du roller. Imaginez ce que cela donne dans une descente et vous comprendrez mon angoisse. J'ai essayé de voir le côté positif de la chose. Je me suis dit que, quel que fut le freinage que j'emploierais, je ne risquais pas d'user mes roues. Mais, c'est marrant, ce sentiment optimiste n'arrivait pas à prendre le dessus par rapport au sentiment d'instabilité total dans la descente et l'épingle suivante qui se rapprochait de moi.

Ma vitesse est restée très réduite tout au long de la descente. Mais je suis resté en vie ! Je suis conscient du caractère bassement matériel que cette dernière affirmation implique, mais je suis comme ça. J'ai retrouvé mes deux compères au bas de la descente, arborant un rictus un tantinet désobligeant et un brin foutage de gueule. Bien sûr, ce fut la seule descente de la soirée.