Anecdote 02

Un rail nommé désir

Chez nous, on aime bien les descentes. Si vous avez parcouru quelque peu ce site, vous vous en êtes surement aperçu. A l'époque, j'en étais à mes débuts dans ce domaine. J'avais déjà fait le Mont Verdun, Saint Didier au Mont d'Or et d'autres descentes dans Lyon. Nous avions décidé de tâter de la descente de montagne. J'avais proposé celle de Chamrousse, juste à côté de Grenoble.

J'avais reperé cette descente alors que je faisais une randonnée pédestre dans le coin. Ce jour-là, un cirque étaient en train de monter sur Chamrousse pour donner des représentations, c'est dire si j'avais eu le temps d'étudier la route. Une petite précision législative vous aidera à comprendre : les cirques sont autorisés à accrocher plus d'une remorque et le cirque qui nous concerne était monté jusqu'à quatre remorques. Heureusement, leurs camions sont puissants. Malheureusement, ils sont plutôt longs et les dépasser nécessite une vision à plusieurs centaines de mètre.

Je savais d'ores et déjà que le macadam était en excellent état car la lecture des graffitis sur le sol m'avait permis de déduire que le tour de France cycliste était passé dans le coin récemment. Dans pareils circonstances, la route est refaite à neuf...

La descente de Chamrousse
(départ indiqué par le cercle, de droite à gauche)

Nous nous étions donné rendez-vous sur le coup de 10 heures du matin au Parc de la Tête d'Or, Porte des Enfants du Rhône, autrement dit, l'entrée principale. Claude, les deux Eric, Anne, Nato, Jérôme et moi-même sommes partis à deux voitures pour Grenoble. Thierry de Saint-Etienne devait nous retrouver sur place.

J'avoue, j'ai profité lachement de ce qu'Eric se soit planté pour arriver à Chamrousse pour faire une descente de plus que lui. Dans ma voiture se trouvaient Claude, Jérôme et moi-même. Eric avait pris Eric, Anne et Nato avec lui. Plutôt que de les attendre, nous sommes montés directement en haut, à la station, pour faire un premier repérage. Jérôme était en quad, j'étais en in-line. Un vrai bonheur cette descente. Nous avons eu la joie non dissimulée de retrouver nos charmants comparses à la moitié de la descente. Thierry nous avait précédé, étant arrivé un quart d'heure avant nous tous.

D'un commun accord, nous avons pique-niqué à la moitié de la descente sur des troncs d'arbre. Nous avons ensuite enquillé sur les descentes, le but premier de notre venue. En haut, une camionnette qui reliait les différents points de la station s'arrêta à notre hauteur. Le conducteur avait deviné que nous étions venus faire des descentes. Nul besoin d'ailleurs d'être Sherlock Holmes : que peuvent bien venir faire des rollers complètement bardés de protections en haut d'une côte ? Il nous mit en garde contre les dangers et les précautions à prendre et s'en alla.

Nous nous sommes enfin élancés tous ensemble dans la descente. Jérôme et moi avons profité de notre premier repérage pour larguer nos camarades... comme nous avons été vils ! Hormis un virage mal foutu avec peu de visibilité, les descentes se sont très bien passés. A chaque fois, nous nous arrêtions à la moitié.

Vint enfin le moment de repartir. Nous avons enchaîné les deux moitiés de la descente. Eric, que ses cuisses et ses genoux faisait souffrir, s'arrêta au milieu pour monter dans une des voitures de queue. Il ne restait plus en lisse que Jérôme, Eric (l'autre) et moi. Mon manque d'expérience de la descente me faisait rester en arrière. En plus, je ne connaissais pas vraiment la deuxième moitié et n'osais pas me lacher. Je m'en suis mordu les doigts par la suite car le haut de la deuxième moitié est tout droit pendant plus d'un kilomètre...

Jérôme et Eric m'avait distancé depuis un petit moment déjà. Je les retrouvais en bas, au rond-point. Eric avait le bras en capilotade. Il souffrait le martyr le pauvre chéri. Pour mémoire, Jérôme était en quad, ce qui lui conférait une bonne adhérence dans les virages et lui permettait d'être toujours en tête dans les descentes. Dans un virage à gauche, Eric tenait l'intérieur et Jérôme l'extérieur. Eric tentait de dépasser Jérôme mais il avait surestimé les capacités d'adhérence de ses roues. Pas de bol, c'était l'un des rares virages avec un rail de sécurité. Le souci de ces équipements est de ne servir qu'aux voitures et d'être meurtrier pour les motards. Le bras d'Eric avait tapé dessus et il hérita d'un bel hématome.

Les gros hématomes ont cela de formidable que les résultats visuels sont plus importants que les dégâts physiques. Vous obtenez de jolis couleurs qui durent pendant plus d'un mois alors que votre muscle a retrouvé ses capacités motrices.

Depuis, nous nous amusons à rappeler à Eric qu'il a une certaine attirance pour les rails de sécurité... ;-)