Anecdote 05

Charme féminin

Homme depuis ma naissance, je fait dans le classicisme : j'aime les femmes. Et si le roller m'a apporté beaucoup de joie et de sensation, je regrette amèrement que cela se fasse généralement sans nana. Il s'agit d'un constat. On retrouve plus facilement le besoin de se dépasser, de se lacher, de se mesurer chez les mecs que chez les nanas. Et cela a le don de me chagriner.

Alors vous pensez bien que, quand on tombe sur une nana qui a un tant soit peu l'esprit de compétition et qui n'a pas trop peur du risque, on s'accroche à elle. Si ! Ça existe ! J'en ai trouvé une ! Mais vous vous doutez bien que je ne vais pas faire une anecdote de cette trouvaille, ce serait trop simple.

Katia, puisqu'il faut la prénommer, roule bien. Et je n'ai pas dit "pour une fille". Non ! Katia roule bien tout court, voire même très bien ! Elle laisse loin derrière elle un paquet de mecs, sur le plat comme dans les descentes. De plus, bien qu'elle ne s'appelle pas Danièla elle est toujours partante pour faire des descentes.

A l'occasion d'une sortie descente, nous nous sommes dirigés vers Saint Didier Aux Monts d'Or. Eric et Cowboy étaient également de la partie, Cowboy qui faisait son baptême descente ce soir-là. Dans la descente en question, c'est lui qui conduisait, Eric n'était pas au mieux de sa forme à l'arrière et Katia se trouvait devant moi.

Katia et moi avons fini en prenant la route de gauche peu avant la fin. Eric, quant à lui, descendit jusqu'au feu suivi de Cowboy. Ne l'ayant pas vu passer, nous commençâmes à nous inquiéter, espérant qu'il ne lui fusse rien arrivé de fâcheux. Nous impatientant, nous descendîmes jusqu'au carrefour et nous nous posâmes sur le bord pour les voir venir.

Je suis quelqu'un que l'on remarque facilement. Je fais 1m82 pour 82 Kg et je suis roux. Pour parachever le portrait, quand je descends, je porte un gilet jaune à bandes réfléchissantes, des protections poignets/coudes/genoux et un magnifisque casque de militaire d'un vert tout aussi militaire. Je l'ai dit, on me loupe rarement. Quand je croise des voitures qui remontent, j'ai souvent droit à de grands yeux éberlués.

Ainsi accoûtré, la voiture de la gendarmerie nationale, qui s'arrêta à notre hauteur, ne pouvait pas nous manquer. La première idée qui me soit venue à l'esprit se portait sur Eric. Je me demandais s'il n'avait pas chuté ou rencontré un bus de passage. Katia prit rapidement les choses en main en discutant avec eux.

J'allais oublier de vous donner quelques précisions sur Katia qui vous permettront de mieux apprécier ce qui va suivre. Imaginez-vous un laideron, avec un cul énorme boursoufflé de cellulite, un ventre qui déborde du short, une poitrine absente, une peau grasse suintante, des dents usinées chez tronçonneuse, un gros bouton sur un nez crochu. Et bien ça, ce n'est pas Katia ! Non, non ! J'aurais même tendance à dire tout l'inverse. Le genre de fille qu'on rattrape en roller mais qu'on ne dépasse pas, trop occupé à contempler le déhanchement de sa chute de reins et la capacité d'étirement de ses adducteurs. L'heureux élu a tout intérêt à être originaire de la Savoie plutôt que de la Belgique s'il compte s'attaquer au mont Chest. Ajoutez à cela une maîtrise professionnelle de la tchatche et vous avez un portrait proche de la réalité. Ne nous emballons toutefois pas car elle présente l'ennuyeux défaut des nanas de sa catégorie : elle traine derrière elle un gros con de copain...

Maintenant que vous avez saisi, je pense, la personne, vous comprenez aisément pourquoi nous sommes restés trois quarts d'heure à côté de la voiture de gendarmerie qui comptait en son sein deux magnifiques spécimens mâles hétéros de la race humaine. Quelques minutes après leur arrivée, Eric et Cowboy nous rejoignaient. Bien évidemment, nous avons eu droit au couplet "c'est pas beau, y'a pas le droit, soyez responsables bla bla bla". Les gendarmes sont des êtres humains à part entière, surtout ceux que nous avons rencontré. Pensez donc, à deux heures du matin, ils s'ennuyaient ferme à faire leur ronde. Ils étaient d'autant plus contents de devoir faire leur travail qu'ils ne se retrouvaient pas en face de délinquants.

L'un d'eux nous a même raconté ses mésaventures à moto lorsqu'il s'était fait prendre à dépasser les limitations de vitesse. Un gendarme étant du domaine militaire, il avait écopé de 30 jours de suspension en plus de l'amende. Il nous a même fait profiter des progrès de la technologie et des équipements de la gendarmerie en nous faisant une démonstration de son poste informatique embarqué. Si l'on en croit la petite bête, aucun d'entre nous n'avait quoi que ce soit à se reprocher.

Pendant les trois quarts d'heure de cette discussion, Katia remettait sur le tapis une de ses envies : catcher une voiture de gendarmerie. Je rappelle pour mémoire que le catch est une pratique illicite, à fortiori avec une voiture des représentants de l'ordre public. La première réponse fut catégorique. Mais c'était sans compter sur Katia qui aime bien que ses interlocuteurs cèdent à ses envies (par contre, elle déteste se faire dépasser dans une descente...). Avant de nous quitter, Katia les relança sur la question. Ils finirent par céder : "D'accord, mais sur quelques mètres seulement..." dirent-ils. Tu parles ! Ils l'ont remontée tout en haut ! Et nous autres sommes restés comme des cons en la voyant partir.