Anecdote 08

Roule petite roue

Il y a des situations cocasses dont on pense qu'elles ne vous arriveront jamais tant elles sont dignes des cartoons. Il m'en est arrivé une du côté du Macumba, près de la frontière suisse. Le président de l'association de l'époque avait organisé un événement avec le Macumba. Il était composé d'une randonnée pour laquelle cinq mille personnes étaient attendues, d'une démonstration de roller et d'une soirée à danser sur roller.

Toute l'équipe était là. Nous avons d'abord installé les tremplins et la table sur la scène pour la démo. L'association amenait les tremplin et le Macumba avait élaboré une table avec un rail.

Nous avons ensuite déchargé quelques mille cinq cents paniers repas, ou plutôt ce qui constituait ces paniers repas, c'est-à-dire les baguettes de pains, les canettes de cola, les pommes, les tranches de dinde, les gobelets et plastiques et les serviettes. Le seul souci constituait à bien prendre en main les cartons contenant les canettes car ceux-ci avait pris l'eau et était devenus très fragiles.

En début d'après-midi, nous ne savions pas trop si ça allait marcher ou non. Nous étions seuls et aucun autre roller ne s'était encore manifesté. Des annonces avait dû être passées sur France 3 en régional, sur quelques radios et dans les journaux. Le président nous demanda de nous mettre à l'entrée du parking avec une affichette pour indiquer la manifestation. Le parking était désert mais la direction du Macumba l'avait fait aménager pour que les cinq mille personnes attendues puissent se mettre en rang.

Une heure, deux heures se passèrent et nous n'avions accueilli que deux personnes. L'une d'entre elles était venue de Marseille ! J'avais rapidement calculé dans ma tête qu'une heure était largement insuffisante pour accueillir et encaisser cinq mille entrées. Nous ressentions de plus en plus le flop arriver.

Le nombre de participants se comptaient sur les doigts de la main. Etant venus d'assez loin, nous décidâmes de faire malgré tout cette randonnée. Et nous partîmes à travers la campagne avoisinnante. Il faut dire que l'élaboration du parcours ne s'était pas faite sans mal. Nous étions cernés de toute part d'éléments naturels : autoroute, nationale, montagnes...

La randonnée empruntait une longue descente peu pentue. Son gros inconvénients : un macadam dégueulasse. J'étais équipé avec les Sabre de chez Tecnica, un modèle avec un excellent chausson et un système anti-vibration. Croyez-moi ou non, ce fut totalement inutile, le revêtement était trop rugueux pour rendre la descente plaisante. Tellement rugueux que j'ai eu le déplaisir de me voir dépasser par une de mes roues ! La situation peut sembler amusante mais j'étais loin de rigoler sur le coup. Je réussissais tant bien que mal à ralentir puis à m'arrêter pour aller récupérer ma roue dans le champ. La visserie, par contre, ne laissait aucune chance d'être retrouvée. Je fus récupéré par la camionette balai, le temps de ranger mes petites affaires, de décaler les roues et de reperdre une autre visserie...

Une fois la randonnée terminée, nous nous sommes préparés pour la démonstration sans oublier au passage de se servir côté bouffe. La démo se passa bien même si le public n'était pas vraiment pour voir des rollers sauter mais pour danser. Il y eut même l'élection de Miss Roller, élection pour laquelle nous avions réussi, ô miracle, à dénicher trois nanas à rollers ! Comme on avait l'autorisation de danser avec nos rollers nous en avons profité.

Comme toutes les bonnes choses ont une fin, il a fallu refoutre dans le camion toute la bouffe qu'on s'était cassé la cul à descendre. Le moral des troupes n'y était pas vraiment et le président de la seconde association avait la facheuse tendance à nous prendre pour des demeurés : "venez, regardez, si on s'y met tous, ça va aller très vite" disait-il, commençant à ranger et se barrer cinq minutes plus tard.

Le pire, c'est que monsieur était tellement dépité du bide que l'on s'était pris ce soir-là qu'il s'était légérement pinté. Il a bien fallu ramener le camion et devinez qui c'est qui s'y est collé ? C'est Bibi... Une véritable poubelle ambulante ce camion. Je vous brosse un rapide tableau : quatre-vingt kilomètres heure à fond de cinquième dans les descentes, pas de musique, une direction qui tirait à droite et un ralenti mal réglé qui faisait caler le moteur à chaque fois que la direction assistée entrait en marche.

Le portrait n'est pas tout à fait exact : il y avait bien la radio mais elle était installée en haut de la cabine et je n'avais pas été capable de la trouver dans le noir... Le plus marrant s'est passé après que j'eusse remis le camion au point de location. Quand monsieur est venu rechercher sa cargaison, il lui manquait beaucoup de choses...