Anecdote 27

Rencontre du troisième genre

Le roller est un vecteur de rencontres. Ouaouh ! Qu'est-ce que je cause bien ! Et à ce propos, il nous en est arrivé une bonne pas plus tard qu'hier soir. Lors d'un séjour au ski avec l'association ASVEL Ski Montagne, Claude M. et moi-même avions rencontré un couple, ma foi, fort sympathique : Maud A. et Patrice O. pour ne pas les citer. Nous les avions bien branchés sur le roller (Ils n'étaient pas les seuls d'ailleurs, n'est-ce pas Sylvie G...).

Il y a tout au plus une semaine, Maud A. nous contacta pour nous demander l'heure et le lieu de rendez-vous de la randonnée du mercredi soir. La veille, Claude M. s'enquérit de la présence de son appareil photo numérique à la randonnée du lendemain. Je le rassurais sur le sujet, il n'était pas question que je manque une photo de Maud A. sur des rollers. D'autant que celle-ci, le jour même et par e-mails interposés, m'avait fait une description peu ragoûtante de sa technique de patinage.

Dans la randonnée du mercredi soir, j'occupe habituellement le poste "balai" ; Je ferme la randonnée. Ce mercredi, je devais attendre deux débutantes (le mercredi est fait pour ça). Il m'était donc moins aisé de rester à discuter avec Maud A., d'autant que cela faisait plus d'un mois que nous n'en avions pas eu l'occasion. Des rollers avisés me dirait qu'elle aurait pu se mettre à la queue avec moi. Oui mais voilà, Maud A., quand on lui dit d'avancer, elle avance, elle n'est pas là pour tricoter (les moniteurs de ski s'en souviennent encore). Le rythme de mes deux débutantes lui était trop soutenu...

Peu importe, à la fin de la randonnée, nous décidions d'aller boire un verre. Les beaux jours revenant, nous nous sommes installés à la terrasse du Gnome. Claude M. m'apprit qu'il avait changé de propriétaire, ce qui se voyait immédiatement à l'affluence dès lors que l'on a connu sa belle époque. Nous n'eûmes aucun mal à trouver place. Le plus dur n'était pas là. Il fallait encore affronter le serveur...

Nous étions plus d'une dizaine et, nécessairement, nous avons commandé plus d'une dizaine de consommation. Après s'être fait enfermé dehors, le serveur revenait avec son plateau. La distribution commençait alors et il ne restait plus qu'à payer chacun son verre. Le serveur fit la fine gueule lorsqu'il nous vit sortir nos billets de 10 et 20 € et nous força à payer en groupe. Pour ceux qui n'ont jamais connu ce grand moment, ce n'est pas évident de faire les fonds de portefeuille d'une dizaine de personnes et de produire le compte juste qui correspond aux hiéroglyphes inscrits sur la petite note. Autant dire que nous ne nous sommes pas défoulé sur le pourboire du jeune homme.

Maud A. souhaitant rentrer chez elle, elle exprima le souhait qu'un homme grand et vigoureux la raccompagna jusqu'à sa voiture garée non loin de la piscine d'été, le quartier ne lui inspirant aucune confiance. Arrivés à hauteur de sa rutilante 206, Maud A. commença à déchausser et à enlever ses protections. Pendant que nous discutions, j'avais aperçu du coin de l'oeil une personne d'une taille forçant le respect. Après une analyse, somme toute, succincte, je dégageais les faits suivants : la personne était de sexe inconnu, elle faisait visiblement le trottoir et elle était habillée d'une veste tombante qui ne cachait pas à la vue son maillot de bain féminin une pièce terni par le temps qui ne parvenait plus à contenir les débordements de chairs de sa/son propriétaire.

Elle remontait dans notre direction. Maud A. ne pouvait pas encore la voir. Je lâchais à Maud A. un discret "ne regarde pas à droite" noyé dans la conversation. Trop noyé. Elle ne l'avait pas entendu et lorsque ladite personne arriva à notre hauteur, Maud A. fut coupée instinctivement. Cette apparition avait laissé Maud A. bouche bée. Se reprenant, elle me jeta quelques interrogations sans trop y réfléchir : "C'est un mec ? C'est une nana ? T'as vu ? J'y crois pas ! C'est pas possible ? Qu'est-ce qu'il fait ?...". Je restais impassible, feignant de ne pas avoir vraiment remarqué, lâchant de temps à autre "Et alors ? Faut sortir de chez toi ? T'en avais jamais vu ?". Le temps que Maud A. reprenne ses esprits, notre péripatéticienne venait de prendre de vitesse l'ANPE : une Clio venait juste de s'arrêter et avait entamé la discussion.

Laissant Maud A. repartir chez elle, je repassais au Gnome pour trouver Samir H. en train de m'attendre pour rentrer sur Villeurbanne. Le reste est classique, nous avons roulé sur la route, à faire signe aux voitures d'avancer lorsqu'elles avaient plus que la place de passer. La routine habituelle, quoi !